Insigne du mérite 1998
Bibiane Courtois

Dans le cadre de son congrès annuel, l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ) a décerné sa plus haute distinction, soit l'Insigne du mérite 1998, à Mme Bibiane Courtois, infirmière responsable des programmes de prévention au Centre de santé de Mashteuiatsh, dans la région du Lac St-Jean. Cette femme remarquable et chaleureuse s'est démarquée dans l'exercice de sa profession d'infirmière par le développement et l'application des programmes de santé adaptés aux besoins des communautés autochtones et au niveau social par sa lutte pour la reconnaissance des droits des femmes autochtones.
Bibiane Courtois, l'infirmière
Graduée de l'école des infirmières de l'Hôtel-Dieu St-Vallier de Chicoutimi, Bibiane Courtois est entrée dans la profession d'infirmière en 1967. Au cours de ses 31 années de travail, elle a développé une expertise impressionnante puisqu'elle a exercé dans plusieurs domaines cliniques, notamment la psychiatrie, les soins cardiovasculaires, les soins spécialisés, la santé communautaire, la santé infantile et scolaire, etc. Elle a connu le travail en centre hospitalier, en centre de santé, en dispensaire et en institut spécialisé. Reconnue par ses collègues pour son implication professionnelle, elle a implanté divers programmes de formation et a animé des cours universitaires sur la problématique de santé communautaire en milieu autochtone et le travail auprès des personnes âgées. Son travail a été particulièrement remarqué lors d'un projet régional d'implantation des plans d'intervention et la formation du personnel des centres d'accueil de sa région.
Très tôt dans sa carrière, Bibiane Courtois souhaitait exercer sa profession dans sa communauté. En 1968, Santé et Bien-Être social Canada lui propose un poste au dispensaire de la réserve de Pointe-Bleue, poste qu'elle occupera un an. Elle constate que l'application uniforme du modèle de prestations des soins et des services à l'ensemble des communautés autochtones du Canada ne répond pas aux besoins spécifiques de sa communauté. En 1989, lorsqu'elle obtient un poste d'infirmière en santé communautaire à Mashteuiatsh et devient responsable du développement et de l'application des programmes de prévention, elle mettra toutes ses connaissances et son expertise au service de la population autochtone de sa communauté. « J'ai toujours eu à cœur d'améliorer les conditions de vie des miens et de les aider à prendre leur santé en main » a-t-elle déclaré.
Parmi ses remarquables réalisations, mentionnons qu'elle a mis sur pied des programmes de santé maternelle et infantile, coordonné une enquête santé pour cerner les besoins de la population et supervisé une étude portant sur l'enfance et la jeunesse. Elle a collaboré à l'ouverture, en juillet 1996, de la première maison communautaire au sein d'une communauté autochtone. Elle a également participé à l'ouverture d'une maison des naissances à Alma.
Bibiane Courtois, à la défense des femmes autochtones
Lorsqu'elle a épousé son mari non-autochtone, Mme Courtois ignorait qu'elle perdrait son statut et ses droits. En 1981, elle s'est donc engagée dans une longue bataille pour renverser ce qu'elle considérait comme une injustice. Elle s'est battue pour contrer une loi canadienne discriminatoire à l'endroit des femmes autochtones qui épousaient des non-autochtones. Cette lutte durera quatre ans. Elle a obtenu des appuis auprès d'associations et d'organismes, fait des pressions auprès des députés de la Chambre des Communes et intervenu au comité permanent des Affaires Indiennes. Elle a comparu à deux reprises devant le Comité du Sénat afin d'obtenir une recommandation pour l'amendement du projet de loi. En avril 1985, ses efforts ont été récompensés et le projet de loi, amendé.
Par la suite, Bibiane Courtois fera valoir, pendant deux ans, les points de vue des femmes autochtones sur le développement économique et la négociation politique et territoriale, aux assemblées des chefs des Premières Nations du Québec, dans le but d'obtenir une garantie d'égalité entre les hommes et les femmes dans les futurs gouvernements autochtones. Elle deviendra la première femme autochtone à siéger à la Commission des droits de la personne, en 1986, et au Conseil du statut de la femme, en 1995.
Femme d'idées et de projets, Bibiane Courtois n'a jamais pu se contenter d'une seule mission; elle en a donc embrassé plusieurs, sortant toujours des sentiers battus. Par son œuvre inspirante, elle a amené les décideurs politiques à se questionner sur leurs valeurs et leurs attitudes face à la population autochtone. Elle a aussi grandement aidé ses collègues infirmières à développer des approches en soins infirmiers qui soient sensibles à la dimension culturelle.
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